Un après-midi...
Un air brisé étire sa corolle grise comme une caresse sur les fleurs fatiguées. La terre étale ses lourds parfums sauvages. C’est un après-midi discret, une friandise fourbe de sucres tel un dessert de secrets. Je devine, tu ne veux plus être trop sage...
L’estuaire devient brun, le ciel plus épais, noir. Les rives se protègent de brumes fragiles, des mouches agacent les reflets du miroir. Notre chambre s’endort, toi tu te déshabilles... Tout s’ouvre sur ton vert et étonnant jardin. Sans doute sur mon corps sombre, je le sens bien, ce sont tes mains douces qui domptent la lumière. Bientôt la pluie ivre coulera en rivière.
Il me tarde d’humer ton chant, boire tes rires... L’orage se mûrit dans le ciel incertain. Déjà sur mon âme déferlent quelques larmes ; mon buste attendri sur la forme de tes seins révèle mon envie qui saurait nous ravir. Vient ton regard royal, c’est toi qui me désarmes. L’orage se fait de multiples étincelles. Vois, je suis rompu, je sens mon corps qui chancelle...