Pommier d'Amour
L'hiver prend ses quartiers. Le matin est glacial. Le silence enveloppe les vignes d'un brouillard épais. Les frises de glace attendent les premiers rayons du jour. Ils vont venir, à pas brumeux, rendre leur sourire aux fruits mûrs. Laisser leurs joues rouges décorer les branches de l’arbre nu depuis cette nuit où le vent du nord s'est chargé de son effeuillage.
Les mésanges sont déjà venues y goûter dans un piaillement amusant, un vol vif et précis. Un ballet joyeux qui animera le jardin pendant ces longs mois de disette.
Quand le soleil aura montré sa frimousse, la nature retrouvera sa respiration colorée.
Les choses de la vie retrouveront une place. Leur place.
Le pommier d'amour se laissera dévorer ses fruits comme autant de cœurs maladroits. Des petits cœurs qui ne battront plus. Ni pour les piafs, ni pour nos yeux. Quant à nos bouches, reconnaissons le : ils étaient bien trop acides. Notre jeunesse nous a fait les aimer. Avec le temps, nous avons admis qu'ils avaient beaucoup de pépins. Cela gâte le plaisir, c'est certain...